À Guingamp, le centre d’art GwinZegal a investi l’ancienne prison, désaffectée depuis 1951. La restauration du site et sa recomposition, indispensables à la reconversion, ont été confiées à Christophe Batard, architecte en chef des Monuments historiques et cogérant de l’agence Artene.
Entamés en 2016, les travaux ont couru sur cinq années pour s’achever à l’automne 2021. Outre le centre d’art GwinZegal, tourné vers la photographie, l’ancienne prison abrite également depuis peu l’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle.
Le projet imaginé par Christophe Batard tient compte des enjeux propres à la reconversion des structures pénitentiaires. La réussite d’un tel programme repose sur l’équilibre entre la préservation de l’essence originelle du lieu et son ouverture vers l’extérieur. Sans le dénaturer, il convient de sauvegarder le patrimoine bâti auquel sont attachés les habitants de la ville, et de le leur restituer en favorisant, dans l’espace redessiné, les rencontres et l’échange.
Le parti a été pris de penser le renouveau des lieux à travers une bipartition de l’espace. Dans la zone ouest, on a privilégié la préservation de la structure historique dont on a conservé tous les éléments – huisseries, portes, sols – que l’on a simplement restaurés. Cet espace, accessible au public, permet de découvrir l’histoire de la prison au travers d’un parcours de visite passant notamment par le chemin de ronde, certaines cours et cellules encore très authentiques.
La disposition cellulaire se prêtant peu à l’accueil d’expositions pour cause d’exiguïté des lieux mais aussi parce que les cellules sont ouvertes sur la coursive et donc plus sujettes aux variations climatiques, il a été décidé de concevoir des extensions contemporaines pour abriter les salles d’exposition. Quelques cellules sont cependant employées par le centre GwinZegal, mais essentiellement en tant que pièces destinées à la diffusion de vidéos.
Comme un défi aux contraintes spatiales du site, trois extensions prennent donc place dans les cours est et nord. D’une surface de 150m2 chacune, elles répondent aux besoins nouveaux du Centre comme à ceux de l’Institut. La hauteur du mur d’enceinte et leur sobriété permettent de ne pas modifier la physionomie des lieux tels qu’on les voit depuis l’extérieur.
Modulables au moyen de cloisons coulissantes, ces extensions jouent sur les antagonismes. Elles peuvent être baignées de lumière si l’on choisit d’ouvrir les baies ou bien plongées dans la pénombre. Comme une métaphore de la liberté et de l’enfermement. Un procédé, qui n’est pas sans rappeler la pratique photographique, permet par ailleurs à des parements d’inox de renvoyer la lumière sur les murs de pierre, puis par rebond, à l’intérieur des volumes.