Arles 2019, des clichés entre architecture de l’urgence et archéologie du présent.

En cet été 2019, Arles célèbre sa 50eédition des rencontres de la photographie. Réputé pour sa programmation engagée, le festival propose des sélections d’œuvres triées sur le volet, de grands noms de la photographie contemporaine : Edward Weston, Ouka Leele, Alberto García-Alix, Lucien Clergue… Tous partageant la même volonté d’interroger le réel à travers leurs travaux.

Michael Wolf (2017)

Sur l’itinéraire de cette année, nous avons été plus particulièrement interpelés par les reportages de Philippe Chancel. Journaliste et photographe français, il arpente le monde (Moyen-Orient, Asie, Afrique, Europe de l’Est et même péninsule antarctique) à la recherche de paradoxes qui pousse toujours à s’interroger.

A travers ses multiples clichés, dont l’aspect parfois surréaliste vient nous faire douter de notre capacité à percevoir le réel, il met en lumière les dérives de notre civilisation au cœur de lieux urbains singuliers, entre architecture de l’urgence et archéologie du présent.

Datazone, illustre cette « beauté du désastre » où Philippe Chancel se place comme simple observateur d’un monde en suspens : bédouins au milieu d’un désert bétonné à Dubaï, fleuves pollués au Niger, scènes de chaos urbain après le tremblement de terre à Haïti en 2010…

 

Cette idée « d’architecture de l’urgence » et de chaos urbain vient heurter nos sens. Le Mais surtout, elle nous pousse une fois de plus à nous interroger sur les équilibres fragiles qui font cohabiter la diversité de nos civilisations. Philippe Chancel réalise ainsi par son travail un double objectif : celui de mettre en lumière l’urbain oublié, et de nous rendre témoin de nos influences sur la création de paysages antagonistes et parfois violents, qui mis à distance semblent imaginaires mais qui sont cependant bien réels.

« J’ai trouvé dans la nécropole de Méroé la trace mystérieuse et tangible de la fin des civilisations. Tandis qu’en Chine je suis allé photographier le désastre inévitable qui hante des sociétés prisionnières d’un futur dopé à l’intelligence artificiel et totalement déshumanisé. »

© Philippe Chancel, extrait de Prologue/Epilogue, 2019.

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